Le « Cellier de Picpus » est une nouvelle épicerie solidaire situé dans le 12ème arrondissement de Paris. Elle ouvre ses portes une fois par mois, afin de fournir les produits de première nécessité aux étudiants précaires.
Derrière l’imposante porte bleue du 39 rue de Picpus, s’entassent des centaines de conserve, des bouteilles de shampooing, des protections hygiéniques et d’autres produits vendus en supermarchés. « On ne peut ouvrir qu’une fois par mois pour l’instant, mais on aimerait pouvoir le faire une fois par semaine à terme, commence Gwenola Saulnier, bénévole de l’association. On va ouvrir le 28 mars et le 25 avril prochains. »
Rien n’est demandé à ceux qui passent le pas de la porte pour bénéficier des produits de l’épicerie solidaire. Le « Cellier de Picpus » est hébergé par Communauté religieuse catholique dans son aumônerie. « Le local est ouvert à tous, on ne veut pas limiter l’accès à ces produits, explique Gwenola. La seule limite c’est un quota sur les produits pour éviter que tout notre stock disparaisse trop rapidement. »
Dans la cour de la communauté religieuse, on peut entendre le bruit des travaux situés à quelques mètres. Ces énormes constructions doivent abriter un nouveau pôle d’études de l’université de la Sorbonne dès la rentrée 2021-2022. Cette épicerie solidaire doit répondre à la précarité qui touche les étudiants. Selon l’Inspection générale des Affaires Sociales (IGAS), près de 20% des étudiants français vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Dans ce foyer étudiant ouvert en octobre dernier, huit étudiants ont manifestés leur intérêt pour le projet. L’idée venait du Père Pierre Labaste, en charge de la gestion du lieu. « Il voulait un projet qui ait du sens et qui rejoigne le thème de la précarité », poursuit Gwenola. Selon l’Observatoire de la Vie Étudiante, les étudiants parisiens payent en moyenne 637 euros pour leur loyer. Une somme considérable qui place les plus démunis dans des situations financières difficiles.
« On a été submergées de vivres »
« On veut donner de la visibilité à cette réalité qu’est la précarité, explique Marie Bodin, présidente de l’association. Le deuxième objectif c’est de sortir de l’isolement les étudiants concernés. » Le risque avec la précarité, l’invisibilisation de ces personnes. L’association veut que les étudiants se rencontrent et puissent discuter leurs soucis quotidiens.
Marie poursuit « le but c’était de créer une épicerie qui ne soit pas stigmatisante, un lieu où bénéficiaires et bénévoles se confondent pour créer un lieu chaleureux. » Alors que le groupe ne s’est constitué qu’en octobre 2019, les huit bénévoles ont de grandes ambitions. « On met une caisse dans le local », explique Gwenola. « Si certaines veulent, ils peuvent laisser quelques pièces pour nous aider à développer le projet ». Immédiatement, elle clarifie les choses : « Tous les fonds sont reversés à l’association qui est indépendante de la communauté religieuse. »
Pour leurs débuts, les bénévoles n’ont fait qu’une seule récolte, dans un supermarché sur la Place de la Nation. « On ne s’attendait pas du tout à obtenir autant, on a été submergées de vivres », confie Gwenola. Le Père Labaste a alors avancé de l’argent de sa poche pour permettre d’acheter des étagères supplémentaires afin de stocker les produits correctement.
A l’occasion de leur première ouverture le 8 février dernier, seuls cinq étudiants sont venus. L’association cherche donc désormais à faire connaitre son initiative. « On veut créer un lieu de vie, l’année prochaine on veut mettre en place des ateliers, explique Marie. On a pensé à apprendre la fabrication de produits d’entretien à bas coût par exemple. » Les informations sur cette épicerie solidaire sont disponibles sur la page Facebook de l’association.
Matthieu Bonhoure