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Société

Journée mondiale de l’obésité : « un combat de tous les jours »

Le 4 mars, en plein coeur du Bois de Boulogne, une vingtaine de personnes se sont rassemblées à l’occasion de la journée mondiale contre l’obésité. Une marche pour alerter, sensibiliser et tenter de changer le regard de la société sur cette maladie.

Une vingtaine de personnes rassemblées pour marcher à l’occasion de la journée mondiale contre l’obésité

L’obésité n’est pas un choix. Inscrits en lettres noires sur chacun de leurs dossards, le slogan témoigne du malaise ambiant. « On est ici aujourd’hui pour faire changer les regards. Une personne obèse n’est pas sédentaire, elle peut aussi avoir une activité physique », affirme Fanny Lannoy, chargée de développement au sein de la Ligue contre l’obésité. Karine Robles, une des marcheuses, renchérit, « Il y a huit ans je n’aurais pas pu faire cette marche, aujourd’hui j’ai envie de montrer qu’on peut tous s’en sortir ». Pour elle, l’heure de la « renaissance» a sonné peu après le jour de ses 40 ans. Son cadeau d’anniversaire, comme elle aime à le définir, c’est «sa sleeve». Une opération chirurgicale qui consiste à retirer une grande partie de l’estomac pour former un tube. « C’était une opération vitale pour ma santé. Mon chirurgien, c’est mon dieu. Je suis passée de 197 kilos à 97 kilos. Face au changement, les gens me demandaient si je n’étais pas atteinte d’un cancer. Et puis, bizarrement, d’autres se sont remis à me dire bonjour », sourit-elle sincèrement, pommettes rougies par le vent glaçant.

L’obésité, pourtant reconnue comme maladie chronique par l’OMS depuis 1997, souffre encore des préjugés. Selon un sondage Odoxa, réalisé pour la Ligue contre l’obésité en 2020, 67% des Français considèrent l’obésité comme un manque de volonté. Stéphane Tomasso, patient expert et fondateur de Bariacoach, réagit : « L’obésité n’est pas un choix, on a tous bouffé quarante ans de diététiciennes, de régimes, de yoyo, de sport… Et ça n’a pas marché ». Lui aussi a eu recours à une sleeve gastrectomie. Il a perdu 63 kilos.

En France, huit millions de personnes sont touchées par la maladie. Chaque année, 180 000 en décèdent. Une maladie complexe, aux causes multiples, qui restent encore méconnues. Des facteurs génétiques (hérédité), biologiques (modifications hormonales), environnementaux (précarité, phénomènes d’addiction), et/ou psychologiques peuvent jouer un rôle dans l’installation de l’obésité.

Un droit à la reconnaissance

Tous aujourd’hui militent pour une meilleure information. Apnée du sommeil, cholestérol, diabète. Les difficultés médicales, Karine Robles ne les comptait plus. « Tout était compliqué. Prendre une douche, mettre ses chaussures. C’est encore un combat de tous les jours. L’opération m’a sauvée mais ce n’est pas une baguette magique ». Elle avoue aussi avoir souvent souffert du regard des autres et de l’incompréhension du corps médical. « J’ai fait une fausse couche, j’attendais des jumeaux. La gynécologue m’a regardée et m’a dit “ça ne m’étonne pas, vous avez vu votre poids“ ». Même son de cloche chez Elena Thomas, ancienne internationale de basket, l’arrêt du jeu a eu un rôle dans l‘installation de la maladie. « En cinq ans, je suis passée de 52 à 90 kilos. Je ne reconnaissais plus mon image, je la refusais. C’était très difficile à accepter. »

Ce mercredi, 12 autre marches étaient organisées à l’échelle nationale. Une information « plus claire est nécessaire »,  et ce dès la « plus jeune éducation », rapporte Stéphane Tomasso.

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