Le mouvement social qui a traversé le secteur des transports au cours des derniers mois a eu un impact sur les hôtels parisiens. Des hôtels qui ont subi des annulations de réservation, mais qui ont cherché à s’adapter autrement pour ne pas perdre d’argent. Zoom sur deux hôtels comparables, affichant deux étoiles, dans deux quartiers distincts qui jouxtent la ligne 2 : Barbès et Père Lachaise.
L’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie ainsi que le cabinet d’analyse en hôtellerie MKG sont formels : les taux de remplissage des hôtels au mois de décembre 2019 étaient inférieurs à la normale. Si l’impact du mouvement social lié aux transports apparaît moins conséquent que celui des gilets jaunes à la même période l’an passé, il se fait tout de même sentir dans les hôtels entourant la ligne 2. L’Hôtel Belfort, situé à proximité du cimetière du Père Lachaise, a constaté deux à trois annulations par jour sur les deux premières semaines du mouvement.
Même son de cloche du côté de l’hôtel Altona à proximité de Barbès : « Il y a beaucoup d’annulations, explique Bruno, réceptionniste. A cette période-là il y avait beaucoup de salons à Paris et certains clients ont annulé leur déplacement vers ces salons. » En effet, le secteur du voyage d’affaires a été davantage touché que celui du tourisme. « La plupart des annulations étaient en semaine et en lien avec des voyages d’affaires », confirme l’hôtel Belfort. Selon MKG, le taux d’occupation moyen a chuté de 3,47 points de pourcentage en décembre 2019 par rapport à décembre 2017.
Faire face économiquement
Face à cette baisse de la fréquentation, les hôtels ont dû s’adapter pour ne pas connaître de pertes financières. Du côté de l’Altona, l’hôtel a cherché à se démarquer au cours de cette grève : « On a baissé nos prix. Cela a permis de tirer notre épingle du jeu et de limiter la chute de fréquentation à seulement 10%. Grâce à cette stratégie, on a pu remplacer les réservations qui étaient annulées. Aussi, on a profité d’une minorité de clients qui préféraient rester à Paris le temps de la grève plutôt que de traverser la France plusieurs fois au cours de la période. »
A l’hôtel Belfort, c’est le système de réservation même qui a permis à l’établissement de ne pas perdre trop gros au cours du mouvement social. « A cette période de l’année, on a essentiellement des commandes réalisées sur internet et non remboursables car c’est une période de forte demande. Les finances de l’hôtel n’ont donc pas été trop impactées », explique l’Hôtel Belfort avant de poursuivre, catégorique : « La principale victime, c’est le client. »
De réceptionniste à guide touristique
Le client, une autre priorité pour les hôtels durant cette grève. En effet, face à celle-ci, les hôteliers ont dû accroître leur service de renseignements. « On est devenu une sorte d’office du tourisme », rigole le réceptionniste de l’hôtel Belfort. En effet, si les hôtels se doivent de renseigner les clients en tout temps, ce rôle a été renforcé par les circonstances. « Nous devions expliquer aux clients comment se rendre d’un point A à un point B et comment ils pouvaient se renseigner sur les solutions de déplacements », précise Bruno de l’Altona.
Mais ce rôle ne se limitait pas à cela selon lui : « Il y a également de nombreux clients qui voulaient en connaître davantage sur la situation et sur les raisons de ce mouvement social. Il fallait donc pouvoir les renseigner là-dessus. » Un rôle très important selon ces deux hôtels qui accueillent une majorité de touristes étrangers. Si désormais, la grève est passée, une partie du secteur de l’hôtellerie craint l’impact du coronavirus sur le secteur du tourisme asiatique. Les deux hôtels interrogés estiment, eux, que cela ne constitue pas une préoccupation, pour l’instant.