Des étudiants en mode aux couturiers les plus aguerris, nombreux sont les clients qui viennent acheter leurs tissus au Marché Saint Pierre. C’est le cas de Mathilde, étudiante en stylisme. La jeune femme s’y est rendue samedi dans l’espoir de trouver les matières dont elle a besoin pour réaliser la robe qu’elle a imaginée.

Elle farfouille dans les rayons à la recherche du tissu de ses rêves : un lainage rouge orient afin de réaliser la robe qu’elle a conçue. Mathilde, étudiante en stylisme, erre au milieu des étals de la boutique Dreyfus du Marché St Pierre. Au milieu des nombreuses étoffes exposées, Mathilde examine les tissus avec attention, son projet bien en tête. « J’ai présenté un prototype de ma robe devant mes enseignants la semaine dernière. Mon projet a été validé et je dois maintenant le réaliser avec les bonnes étoffes », explique-t-elle.
La jeune femme de 21 ans est concentrée sur les matières, alors qu’autour d’elle des vendeurs vont et viennent pour répondre aux désirs des clients. Un mètre en bois à la main, ils se tiennent prêts à procéder à des découpes selon les désirs des acheteurs. Dreyfus serait l’un des plus grands magasins de tissus au monde. Il a été créé en 1879 par la famille Dreyfus. C’est en 1920 que l’enseigne a investi de nouveaux locaux à Montmartre, au pied de la butte où domine le Sacré-Cœur.

Six étages pour trouver le bon tissu
Au rez-de-chaussée de chez Dreyfus se situe le coin des bonnes affaires. Dans les rayons, Mathilde s’arrête quelques minutes devant un étalage. « Ce sont des fins de série », précise un des vendeurs de chez Dreyfus. C’est ce qui explique les prix bas affichés.
Portable à la main, la styliste compare les couleurs à celles de son nuancier : « J’ai réalisé un dossier avec les teintes et les matières que je veux pour mes projets. Pour les couleurs, j’ai fait des mélanges de peintures jusqu’à obtenir celles qu’il me fallait. » Mais Mathilde ne trouve pas son bonheur au rez-de-chaussée. Un vendeur lui conseille alors de regarder au deuxième étage où d’autres étoffes sont disponibles. En effet, le magasin s’étend sur six étages et à chaque niveau sa spécialité : le rez-de-chaussée réunit les fins de série, le premier étage est dédié aux tissus pour la cuisine et les salles-de-bains… C’est le deuxième étage qui intéresse Mathilde : celui dédié aux matières pour le prêt-à-porter.

Fouiller pour trouver la bonne étoffe
La jeune femme déambule au travers des nombreux tissus. Elle n’hésite pas à toucher les matières, tirer sur les tissus ou les froisser pour imaginer leur rendu. Rouleaux de satin, de soie et de cotons passent entre ses mains. Si l’étudiante en stylisme à L’Institut Supérieur des Arts Appliqués (LISAA) trouve certains produits intéressants, elle est vite rebutée par les prix. « C’est trop cher. Ça ne va pas être possible » déplore-t-elle. « Ce mois-ci j’ai déjà acheté trois tissus pour mes projets et j’ai dépensé 150 € ».
La jeune styliste décide alors d’abandonner sa prospection de lainage. « Au début je voulais que ma robe soit en denim. J’en cherchais du blanc pour pouvoir le teindre de la bonne couleur mais je n’en avais pas trouvé », explique-t-elle. Les stocks sont régulièrement mis à jour dans les étals, il ne faut donc pas hésiter à revenir dans les enseignes. Après quelques minutes de recherche parmi les rouleaux de denim exposés devant les vitrines de chez Dreyfus, Mathilde trouve enfin son bonheur : du denim blanc à prix réduit. Pourtant, la jeune femme émet des doutes sur la possibilité d’obtenir la bonne couleur après une teinture.

Teintures et conseils à foison
L’étudiante se rend chez Frou-Frou, boutique située en contrebas de chez Dreyfus. Elle pense pouvoir y trouver la teinture qu’il lui faut. En rayons, une vingtaine de coloris sont disponibles parmi lesquels celui souhaité par Mathilde. Après un passage en caisse, elle retourne chez Dreyfus.
Un vendeur l’accueille et la conseille, notamment sur l’usage de la teinture. Convaincue, l’étudiante demande quatre mètres de denim blanc. Le commerçant déroule alors le tissu et prend des mesures à l’aide de son mètre en bois. Une fois la découpe effectuée, le denim est plié et un bon est remis à Mathilde. Finalement, Mathilde aura dépensé 46,50 €.

Soie, fourrures et cuirs en coupons
Satisfaite, Mathilde écume les autres boutiques à la recherche de soie pour réaliser le volant de sa robe : Moline, Les Coupons de Saint Pierre, Reine… Elle se rend aussi chez Sacrés Coupons, situés à quelques pas de Dreyfus. « Dans cette boutique, la vente ne se fait pas à la découpe mais par coupons. Généralement ils mesurent trois mètres », explique-t-elle. Effectivement, de nombreux magasins du Marché Saint Pierre proposent des tissus déjà découpés. Les clients ne peuvent donc pas choisir le métrage de leurs coupons mais les prix sont généralement plus abordables. Deux boutiques de l’enseigne existent : une dédiée aux cuirs et fourrures et une autre proposant des lainages, du denim, de la soie, etc. « C’est d’assez bonne qualité et généralement pas très cher » commente l’étudiante.
Mathilde sort des différents magasins sans avoir trouvé la soie nécessaire à sa création. Pourtant, elle reviendra au Marché Saint Pierre : « Ce qui est pratique ici c’est qu’on trouve de tout. Toutes les boutiques sont à côté et proposent chacune des produits différents ». Une diversité qui fait le succès du Marché Saint Pierre depuis plusieurs décennies.